j'attendais ce moment depuis quelques mois, en tant que président de Bourg Saint Maurice 2020 et en tant que citoyen de la commune de Bourg Saint Maurice, je me devais de rendre compte à Monsieur le Maire. Celui ci a officialisé ce soir (11 janvier 2010) lors de ses voeux à la population le fait que les eaux de Bonneval les bains seraient exploitées dès le printemps prochain.Vous trouverez ci dessous les textes provenant de la bibliothèque Nationale de France concernant les eaux de Bonneval les Bains
Compte-rendu de la
deuxième session du congrès des sociétés savantes savoisiennes :
tenu à Annecy les 25 & 26 août 1879
LES EAUX THERMALES DE
BONNEVAL-LES-BAINS
ET LES EAUX GAZEUSES DES GLACIERS
A
BOURG-SAINT-MAURICE
(SAVOIE)
I
La commune de Bourg-Saint-Maurice
qui avoisine le Mont-Blanc et le Petit-Saint-Bernard, possède deux
sources minérales précieuses, inconnues hors de la Tarentaise : les
eaux thermales de Bonneval et l'eau gazeuse des Glaciers ; le premier
de ces hameaux porte aujourd'hui l'épithète de Bains, nécessaire
pour le distinguer de deux autres localités du même nom en Savoie.
Les Romains ont probablement utilisé les eaux de Bonneval,
d'après une inscription publiée par M.l'abbé Ducis, archiviste de la
Haute-Savoie *, puisque l'empereur L. Aurélius Verus avait fait
rétablir le bain public inondé par les torrents de la localité,
avant l'année 168.
Pendant l'occupation française du paj's
de 1703 à 1713, l'intendance militaire française délivrait des
bons aux officiers, pour leur entretien aux bains et pour la
nourriture de leurs chevaux.
Ces eaux inspiraient, en 1802,
une sollicitude spéciale au docte médecin Ch.-H.-A. Despine,
d'après le rapport que m'en fit, en 1872, son fils Constant, qui
s'y intéressait également beaucoup. M. le docteur Guilland, père,
m'écrivait dernièrement que ces eaux méritent qu'on les rende
abordables, et qu'on les fasse connaître.
Dans sa
statistique du Mont-Blanc, Lelivec annonçait que l'humanité en
recevrait un grand secours.
Ces voeux sont aujourd'hui
réalisés par l'établissement balnéaire, créé, depuis une année,
par M. Laurent, le propriétaire actuel, qui a bâti, et qui tient
dans le voisinage des Bains, un café-restaurant et dans le village
des chambres meublées, comme de coutume.
Le captage heureux
des sources a doublé le volume des eaux, qui donne plus de douze
cent mille litres par jour, et il en a élevé la tliermalité de 35
à 38° centigrades. Douze cellules bien aérées et très commodes,
contenant 16 baignoires, avoisinent une salle d'attente, fort utile
pour le climat, et à cause du voisinage du torrent, aujourd'hui
digue.
Dans une notice sur les eaux de Bonneval-les-Bains, M.
le docteur Laissus *, inspecteur des eaux de Salins et de Brides, dit
que les eaux de Bonneval « ont aujourd'hui leur place marquée dans
là carte thermale de la Savoie. »
Il ne manque à ces eaux,
me disait le regretté chimiste de Chambéry, M. C. Calloud, que les
faveurs
de la renommée étrangère. D'abord il les reconnut
salines, sulfatées, chlorurées, ferrugineuses, légèrement
sulfureuses, arséniquées et suif hydratées. Leur saveur est
styptique et leur vertu tonique.
Ces eaux chaudes sont
réellement puissantes contre les rhumatismes, les sciatiques, les
névralgies, les maladies de la peau et du sang. Leur puissance même
exige les conseils d'un médecin, surtout prises en boisson, car,
jusqu'à ce jour, elles n'ont été utilisées qu'en bains ou en
lotions anti-névralgiques. Elles sont depuis peu recommandées en
boisson, mais coupées avec du vin et comme toniques.
Le
voisinage des trois stations thermales de la Tarentaise et la vertu
spéciale de chacune de ces eaux leur procurent un mutuel secours.
Seules les eaux de Saliiis, qui sont des eaux de mer thermales
uniques en Europe, nous vaudront, à cause de l'affluence croissante
des étrangers, un plus grand établissement et un chemin de fer,
aussi bien qu'à Plomblières.
Certaine analogie des eaux de
Bonneval-les-Bains avec celles d'Aix-les-Bains en feront une
annexe,
avantageuse pour Brides et Salins, malgré le site élevé
(l,040m) mais pittoresque de Bonneval, au pied occidental du Petit
Saint-Bernard. La guérison fait bien vite oublier les inconvénients
de la montagne et apprécier son air pur qui, à lui seul, vaut une
station balnéaire. On y voit aussi couler, à côté du lait, les
eaux chaudes et les eaux gazeuses naturelles des glaciers, dont il me
reste à donner une notice succincte.
II
Les eaux
gazeuses naturelles des Glaciers sont ainsi nommées parce qu'elles
avoisinent un village plusieurs fois séculaire, situé sur
l'emplacement des glaciers aujourd'hui disparus. Il occupe le centre
d'un petit vallon alpestre dépourvu de bois maintenant, à 10 ou 12
kil. en amont de Bonneval. On y rencontre de magnifIques pâturages
et des demeures bien bâties pour le pays, auxquelles fut donné le
nom de La Ville, à 1,800 mètres d'altitude.
On aborde ce
hameau, pendant l'été et l'automne, au nord par le col des Fours
(2690), au levant par le col de la Seigne (2472), l'Allée-Blanche,
le lac Combal et Courniayeur, au couchant par le col du Bonhomme
(2480), au midi par le Chapieu (1553), auquel on arrive par Beaufort,
Roselen, le plan de la Laie et plus habituellement par
Bonneval-les-Bains (1040), par le Bourg-Saint-Maurice, sur la route
du Petit-Saint-Bernard.
Pour se rendre à la source, le
touriste prend pour point de départ la Chapelle ; de là remontant
le torrent, il trouve un petit pont voûté qu'il ne franchit pas,
mais d'où il aperçoit une mare d'eau roussâtre et un dépôt fort
apparent d'oxide de fer, duquel jaillit un filet d'eau de 2
centimètres de diamètre. C'est l'eau froide naturelle, gazeuse,
crénatée, laxative ou légèrement purgative. La source primitive
est plus haut dans la prairie, d'après le témoignage de l'ancien
propriétaire, M. Gontard, qui m'assurait, en 1868, qu'on ne buvait
que le résultat d'un drainage opéré par lui-même, soit pour
éviter le piétinement de la récolte, soit pour obtenir le
dessèchement du sol.
Le sort de ces eaux dépend donc d'un
nouveau câptage intelligent, qui peut doubler ou tripler leur volume
et leur valeur thérapeutique. Elles varient de 10 à 14°
centigrades de chaleur. Leur avenir dépend de la station thermale de
Bonneval-les-Bains, dont les eaux plus dépuratives que purgatives,
feront apprécier les eaux gazeuses purgatives des Glaciers.
D'après la publication, de M. le docteur Laissus fils sur
Salins l, M. Ch. Calloud donne les indications suivantes sur les eaux
des Glaciers : température 14° centigrades. Terrain :
lias,-schistes. Minéralisation : sulfates de chaux, de soude et de
magnésie, bicarbonates de soude et de chaux, crénate de fer.
Le
chimiste la qualifia d'abord d'eau sélénitêuse ferrugineuse et.
crénatée. Le sulfate de chaux figure
pour les trois quarts de la
minéralisation saline. Le poids des sels anhydres est de 1 gramme
830. Elles seraient très gazeuses et diurétiques. Le fer en grande
partie combiné avec l'acide crénique se conserve en solution dans
ces eaux, ce qui n'a pas toujours lieu, quand il est combiné avec
l'acide carbonique.
Une nouvelle expérience a donné pour résultat : sulfates de chaux, de magnésie, de soude —deux tiers ; bicarbonates de chaux, de soude, chlorure de sodium, silice, crénate de fer — un tiers. Dans une lettre, l'auteur de cette analyse m'annonce que la minéralisation de ces eaux est presque toute formée de sels sulfatés, ce qui les lui fit ranger dans la classe des eaux salines. « 11 est vrai, dit-il, que cette minéralisation saline n'est pas très forte, car elle n'est que de 1 gramme 830 milligr. pour mille grammes d'eau ; mais le sel dominant est le sulfate de chaux ; ceux de magnésie et de soude sont en minime quantité. 11 y a aussi du crénate de fer et même je les soupçonne légèrement arsenicales, comme toutes les eaux minérales alpines charriant du fer. »
ANALOGIE, VERTU, GUERISONS
Le
pétillement de ces eaux à la source supérieure, leur donne de
l'analogie avec celles de Vichy, de Seltz, de Vais, mais on ne peut
les comparer vraiment, selon M. Calloud, qu'à leurs voisines, celles
de Courmayeur dites Eaux de la Victoire. M. Despine les croit
supérieures à celles-ci l. M. le docteur Laissus, père, pense
qu'elles remplaceraient avec avantage pour la Tarentaise, les eaux
d'Evian et de Saint-Alban. De l'analogie à l'emploi, le pas d'essai
est facile. On les coupe utilement et agréablement avec du vin.
Nous conclurons d'ailleurs avec M. le docteur Laissus fils,
inspecteur des Eaux de Brides et de Salins, « que ces eaux
éminemment digestioes mériteraient certainement d'être
popularisées, et pourraient remplacer avantageusement les eaux de
table de « Saint-Galmier. » M. Calloud ne leur trouvait pas
de rivales pour la qualité rare de conserver leur propriété,
malgré le transport.
Voici sa dernière appréciation : «
Leur richesse en gaz acide carbonique libre les rend agréables à
boire, passantes et bienfaisantes, c'est ce qui fera leur réputation;
mais minéralogiquement parlant, bien que reconnues .pour
diurétiques, on ne leur trouve pas les qualités spécialement
digestives et absorbantes, apanage des eaux principalement
minéralisées par les carbonates alcalins et terreux. C'est la
présence heureuse du gaz acide carbonique libre qui fait leur
mérite, et, sans lui, elles seraient lourdes et même très
purgatives. Si elles étaient plus chargées en sels sulfatés, elles
ressembleraient plutôt aux eaux salines gazeuses purgatives de
Sedlitz, d'Egra, d'Epsom. Elles
représenteraient alors une
fortune considérable. La réputation de ces eaux dépendra d'un
nouveau captage, puisque la vraie source n'est pas captée, ni
analysée, et que d'ailleurs mes jugements portent sur de l'eau
transportée dans des conditions défavorables pour une sérieuse
analyse. »
Il appartient à la Faculté de médecine de
préciser les vertus curatives, le mode d'emploi de ces eaux,
mais
il faut aussi lui fournir les éléments de son étude ; or, parmi
les guérisons attestées figurent celles des inflammations
d'intestins, des aigreurs d'estomac des lourdeurs de tête provenant
d'un prompt travail après les repas, de la respiration d'un air
vicié. Ainsi l'instituteur actuel de Versoie a retrouvé la voix et
l'appétit par l'usage des eaux gazeuses. Ses deux oncles, robustes
vieillards octogénaires, déclarent avoir bu à la source cachée et
lui attribuent leur forte santé. Des dames du pays, qui faisaient
auparavant usage de l'eau de Vichy, de Saint-Galmier, ont donné leur
préfé-
rence aux eaux gazeuses des Glaciers.
Une
provision annuelle est faite dans le chef-lieu du Bourg-Saint-Maurice
par M. Henri Miédan.
L'EAU DES GLACIERS A DOMICILE
On
sait que l'eau ordinaire exposée à l'air libre s'évapore. Au bout
de quelques mois, la plupart des
eaux en flacons débouchés ou
non, finissent par se troubler. On voit apparaître un précipité
ferrugineux ou à leur surface une espèce de végétation verdâtre,
dans laquelle le microscope pourrait découvrir des animalcules qui
ont la propriété de décomposer l'acide carbonique en dissolution,
en fixant son carbone et en dégageant son oxygène. L'expérience
faite sur les eaux
des Glaciers a donné un résultat opposé ;
le gaz acide carbonique s'est conservé libre, d'où l'on peut
conclure que ces eaux peuvent se transporter à demeure. Les eaux
gazeuses des Glaciers viendront un jour, nous l'espérons, trouver à
domicile ceux que leurs fonctions ou leurs infirmités en éloignent.
Agréables à boire, quoique amarescentes, pures ou coupées avec du
vin, conviennent aux hommes appliqués à l'étude, dont la
digestion est lente. Sauf l'avis des disciples d'Esculape, elles
seront utiles dans les maladies chroniques qui fatiguent les organes
abdominaux. Mais les frais de transport actuels en élèveront le
prix au-dessus de celui de leurs similaires, tant que le chemin de
fer en sera trop éloigné.
LA CHAPELLE DES GLACIERS
On
demandera naturellement depuis combien de siècles les glaciers ont
mis à jour, en se retirant, cette source précieuse ? La seule
réponse que je puisse donner, m'est fournie par une visite pastorale
du 23 juillet 1653. Msr Benoît Théophile de Chevron Valette
constatait que la chapelle des Glaciers était fort ancienne,
environnée d'un cimetière, munie d'antiques fonts baptismaux. On y
célébrait la sainte messe pendant trois mois de l'été en
alternant la celébration dans la chapelle des Chapieux, depuis le 24
juin jusqu'au 14 septembre.
Cette fonction était déjà à
la charge du Recteur de l'hôpital du Bourg (fondé de nouveau en
1358, par Marguerite Flandin, veuve d'Antoine Ferrier).
L'ancien
oratoire de style roman avec abside a été reconstruit en style
moderne, en 1857.
La chapelle des Chapieux, sa voisine, porte
également des traces de haute antiquité. Elle fut construite ou
reconstruite, selon la tradition, par les religieux de Saint-Maurice
d'Agaune, qui ont laissé au pays le culte de saint Maurice et celui
de saint Sigismond contre la fièvre. La vieille statue du saint orne
encore la porte d'entrée de la chapelle dédiée à saint Jacques
d'Assyrie, premier apôtre certain des Ceutrons, dès 380.
M.-A. TREMEY.